Saison 4

Le Congo Belge, est-ce que ça donne des idées noires aux anciens colons ? Pas toujours : présentement, entre eux, ils parlent petit-blanc… Une maison de retraite réservée aux vétérans coloniaux. L'œil rivé sur un horizon imaginaire, ils sont toujours là-bas, un pied dans la tombe, l'autre dans la brousse.

Si vous avez trop d'argent, allez le jouer dans le plus grand et le plus prestigieux casino de Belgique à Knokke-le-Zoute. Vous rencontrerez, dans les couloirs de ce temple du jeu, des gens heureux : patron ou portiers, et moins heureux : clients désabusés et désargentés.

La société est décadente. Alors qu'au XVIème siècle notre région était le centre du monde. Entre Charlemagne, Charles Quint et Metternich, le professeur Overloop, nouveau Sire de Reinhardstein, nous lance un message de foi et de confiance en la Belgique. L'avenir de l'Europe est en jeu !

Partir de rien ou presque, et devenir industriel, bourgmestre, être à tu et à toi avec les grands de Belgique et d'Europe, cela existe. En Flandre… naturellement.

Se retrouver sexagénaire sur la Costa blanca, dans un building de trente étages et rêver de refaire sa vie avec un autre retraité belge ou un fier hidalgo, est-ce le sommet du bonheur ? En tout cas, dès 11 heures du matin, ça guinche chez les pépés et les mémés, à Benidorm…

Chipie, Chevignon, Matinique, Burlington, Benetton, ça vous dit quelque chose ? Non ? C'est que vous êtes vieux ou plus dans le coup. Parce qu'un vrai jeune branché, un « péteux », sait que ce sont des marques de vêtements à la mode, et il préfèrerait sortir dans le costume d'Adam plutôt qu'habillé de fringues quelconques, par trop indécentes. Chic et fric.

En 1988, il y a déjà 10 ans déjà que Cloclo nous a quittés. Mais son souvenir se perpétue et jamais nous ne l'oublierons. Une famille bruxelloise a pris en mains la destinée posthume de Claude François et commandé une superbe statue de l'idole. Regrets et émotion : à pleurer…

Léo a eu son heure de gloire pendant les remous universitaires de Louvain, en 68. Il était alors comme l'ambassadeur du mouvement étudiant, et potassait avec délice le conflit sino-soviétique. 20 ans après, il habite seul dans une petite chambre, vit du minimex, étudie toujours et arrondit ses fins de mois en participant à des jeux télévisés. Pauvre mais honnête.

Mais quelle est cette ravissante petite chose, perruquée et poudrée ? Un baron ! Oui, un vrai baron ! Avec un petit « de », une certaine fortune et pas mal d'humour.

Monsieur Leroy, échevin de la ville de Bruxelles, était très content que Strip­-Tease s'intéresse à lui. Mais il a fallu faire vite, car il s'agite, l'échevin : il court par-ci, il marie par-là, il arrange les bidons, il dénoue les embrouilles, il fait de petits cadeaux... Pardi, dans moins d'un an, il y a les communales ! La politique belge, entre dévouement et clientélisme… (À suivre : « Le chagrin de l'échevin »)

Celui-ci, par contre, est concierge dans un grand immeuble, rue de la Loi. Avec son épouse, il sert le café, distribue le courrier et fait la cuisine pour tous les employés. Et toujours dans la bonne humeur, sifflant, chantant, voire même dansant en travaillant. Et ce n'est pas l'argent qui fait son bonheur : c'est la conscience qu'il a d'être un homme libéré.

Portrait de Vladimir Nicolaïvitch Kozyreff, monarchiste d'origine russe. Il vit en Belgique mais garde beaucoup d'attachement à ses origines : il est orthodoxe, il enseigne le russe à son fils, et fête Noël comme en Russie.

Joseph était de ces laissés pour compte, survivant dans les dédales de la gare du Nord. Des gens fort bien intentionnés l'ont conduit dans l'Ardenne profonde, espérant qu'il apprécierait le sain travail de la ferme. Hélas, ça n'a guère collé entre Joseph et le fermier, et après sept semaines, Joseph est revenu au quartier Nord.

À Wanfercée-Baulet, près de Fleurus, existent trois vrais cinglés, trois cinglés de cinéma. Depuis 50 ans, ils écument la Belgique, récupérant tout ce qui peut l'être : vieilles bandes de lancement de films, actualités ou publicités jaunies, appareils de projection remis en état avec amour. Ils ne sont guère aidés, mais Jacques Tati leur a cédé tous ses souvenirs. Éternellement, on rejoue la dernière séance.

Les Wallons les ignorent ; les Bruxellois francophones les connaissent mal : ce sont les jeunes Flamands de Bruxelles. Luckas, qui est jeune, flamand et bruxellois, en a rencontré quelques-uns : propos nostalgiques ou acidulés, distance polie ou ironique, cosmopolitisme indifférent à la politique, de jeunes Flamands sont à Bruxelles, s'y sentent bien et ne font aucun complexe.

Portrait de Didier Odieu, le fou chantant. Il a chanté devant des foules, à Paris, Genève ou Bruxelles et claqué la porte à une grande maison de disques qui lui proposait de beaux contrats. Il essaie de vivre sa vie d'artiste entre sa chanson, sa moto, l'amour de la liberté et la liberté de l'amour…

Le Funny Girls est un bordel et Christine a 16 ans. Son roman se vend bien, et pas uniquement parce que Christine, à 16 ans, y parle d'un bordel. À la maison, la vie est un peu perturbée, Maman ne dit rien, Papa essaie de maîtriser la situation et Christine écrit, un pied à Crisnée, chez papa-maman et l'autre à Saint-Germain-des-Prés, chez Madame Gallimard, son éditrice.

Que peuvent donc avoir en commun Néron, Rita Hayworth, Cohn-Bendit, Winston Churchill, Woody Allen et même - dit-on - Elvis Presley ? La rousseur. Comme Josy Dubié, grand reporter à la RTBF. Et pour Strip-Tease, qui déshabille la Belgique, Josy montre la vérité toute nue : il est un vrai roux. Vous, Mademoiselle, épouseriez-vous un rouquin ? Et vous, Monsieur, qu'est-ce qui vous fascine chez la rouquine : la fatalité ? La perversité ?

Il fut conseiller communal écolo dans la région de Charleroi. Et tout le monde connaît sa belle barbe. Banal. Oui, mais tout le monde connaît aussi ses mollets, ses beaux mollets. Car, qu'il neige, qu'il pleuve ou qu'il vente, Xavier déambule à vélo, et en short. Et non content de braver les intempéries d'un mollet d'airain, notre homme siffle…

Non, ne craignez rien, Strip-Tease ne va pas rire d'un mongolien. Mais pourquoi un film sur un handicapé devrait-il faire pleurnicher ? La situation est tragique, bien sûr, mais pourquoi devrait-elle être vécue tragiquement en permanence ? Et pourquoi Damien, qui aime la parole, le rire, la vie, ne jouerait-il pas la comédie ?

Il n'est jamais passé à l'émission « Jeunes solistes », et pourtant c'est un virtuose et il n'a que quatre ans. Seulement les pédales sur lesquelles il appuie ne sont pas celles d'un piano mais de sa petite moto. Ses parents rêvent pour lui d'un avenir de champion, et il passe allègrement de ses couches à l'uniforme du motard. Avec tout ce qu'il reçoit, comment ne serait-il pas heureux ?

Heureusement que Strip-Tease est là pour aller voir de temps en temps ce qui se passe de l'autre côté de la frontière linguistique. Le Vlaams Blok (près de 20% des voix à Anvers), vous vous disiez : « nationalisme flamand, tour de l'Yser, on connaît… » Et si on vous montrait que ça ressemble plutôt au phénomène Le Pen à Marseille ?

On a beau être raciste à Anvers ou ailleurs, à Villers-le-Bouillet ce n'est pas le cas. Qui, aux dernières élections communales, a eu le plus de voix de préférence dans cette commune, près de Huy ? Un prof d'économie. Banal. Oui, mais il a la peau très noire. Un vrai Wallon.

Manu Bonmariage a filmé des couples faisant la vaisselle. On vous en montre un, étonnamment banal. Le public cassera-t-il la vaisselle ?

Il est, dit-il, le militaire le plus décoré de Belgique. Colonel à la retraite, ancien député libéral, Jean Militis, bon cœur et grande gueule, ne ménage ni la Grande Muette, ni le parlement. Et s'il entretient bon pied, bon œil et mollet agile, c'est juste pour garder la forme ; pas pour faire un putsch.

Courageuses, téméraires, modernes, deux jeunes flamandes ont entrepris l'exploration de contrées lointaines, sinon hostiles. Armées de leur seul enregistreur, elles ont franchi le fleuve Maas (localement dit La Meuse) et se sont enfoncées dans la Wallonie profonde. Strip-Tease les suivait.

René, ce n’est pas vraiment Cassius Clay. Ni même Jean-Marc Renard, son voisin. Sur le ring, René en prend courageusement plein la gueule pour pas vingt mille balles. À près de trente ans, il ne deviendra pas millionnaire mais pourra peut-être réparer les châssis de sa maison. Peut-être.

Sur son terrain à Rixensart, Émile vit comme un clochard, avec son bazar. Sur leur terrain, à Rixensart, les autres vivent comme des richards, sans faire de pétard. Et les richards, c'est bien connu, ça n'en pense pas moins. Et les clochards, comme ça a faim le soir, ça a la langue bien pendue le matin…

Madame, monsieur, quand votre vieux papa, votre vieille maman commenceront à « sucrer les fraises », qu'allez-vous en faire ? Y avez-vous seulement songé ? Et vos chers enfants, que feront-ils de vous, plus tard ? Eh bien, comme ils vous adorent, ils vous trouveront ce qu'il y a de mieux comme maison de retraite. Pour votre plus grand bonheur. Et en douceur.

Padoum a plus d'une vie. À Los Angeles, il masse ; à Bruxelles il amasse. Directeur de plusieurs cinémas X en Belgique, il lie facilement philosophie et pornographie. Il écrit ses mémoires où il révélera sa vie « spirituelle et… sexuelle ».

Un pied dans le bateau arabe de la famille, l'autre sur la rive belge, Latifa et Karima, élevées en Belgique, ont tant fait le grand écart que même sauter à terre n'est pas facile. Mais pour cette cigale et cette fourmi, délaisser l'esquif familial, c'est monter sur une drôle de galère.